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le mans - Page 6

  • UN PILOTE EN PERDITION

    dans un univers en dérapage incontrôlé

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     Qu’arrivera-t-il à Jocelyn, le personnage au centre de cette note ?

     

    Une tempête de grêle s’abattit sur la Clio grise dans un déchaînement de violence.

     

    Les morceaux de glace frappaient la carrosserie et les vitres avec la rage d’un boxeur qui cogne son pushing-ball. Ils enfermèrent la voiture dans une sorte de brouillard opaque digne de paysages d’Alaska. Pourtant, la scène se déroulait certes en période hivernale, en plein mois de décembre, mais en Vendée, quelques centaines de mètres à l’Ouest de La Roche-sur-Yon.

     

    - Bordel, j’y vois rien, grommela Jocelyn, le conducteur de la voiture prise en otage par les éléments.

     

    La Renault progressait sur une départementale déserte. Il était 7 heures 30. Jocelyn était en Terminale ES au Lycée Philippe Jeantot. Dans une demi-heure, il rentrerait en classe de philo avec monsieur Ravel. Enfin, s’il arrivait jusque-là sans avoir plié la Clio dans un fossé ou contre un poteau.

     

    - D’un autre côté, si je n’y arrive pas, moi, il n’y aura pas grand monde en cours ce matin, persiffla-t-il.

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     C’était vrai. Bien qu’il n’eût que 18 ans et 3 mois, Jocelyn était un conducteur hors pair. Champion de Rallycross, une discipline dans laquelle il avait débuté à 16 ans avec une dérogation obtenue grâce à ses résultats en karting. Et sa Clio DCI était un jouet à côté du modèle Super 1600 très musclé qu’il pilotait en compétition. D’ailleurs, il avait aussi couru en circuit sur des fauves mécaniques encore plus puissants et difficiles à dompter. Grâce à Jonathan qui l’avait invité à partager non seulement le volant d’une Porsche 914/6 dans des épreuves d’endurance réservées aux VHC, mais aussi celui d’une 997 GT3 R lors de quatre manches du Challenge Blancpain. Jonathan était avocat à Paris, fraichement inscrit au Grand Tableau. Et aussi un gentleman driver doué. Il faisait partie de la garde rapprochée des supporters de l’aspirant champion.  Le plus fidèle avec Pascal, l’oncle de Jocelyn, et Alexis, le pote d’enfance qui promettait de jouer à ses côtés le rôle que Daniel Elena assuma auprès Sébastien Loeb. Jonathan avait tiré Jocelyn d’une sale affaire lorsqu’encore adolescent, il avait été suspecté de meurtre et maltraité par la police. Sans lui, il ne se serait pas sorti du piège machiavélique qui avait failli le tuer. Depuis ces événements, Jonathan était devenu un vrai grand frère pour Jocelyn.

     

    Après ce qu’il avait vécu et une préparation rigoureuse au métier de pilote, Jocelyn maîtrisait son émotivité et ne perdait pas facilement son sang-froid. Des conditions apocalyptiques, il en affronterait tous les hivers quand il serait un grand rallyman à la chasse des records établis par Sébastien Loeb. Il leva le pied et progressa en zigzaguant légèrement de droite à gauche afin de repérer les limites de la chaussée des deux côtés. Jonathan lui avait raconté que les pilotes nordiques utilisaient cette technique en rallye quand la visibilité devenait nulle. Jocelyn n’oubliait jamais une histoire de rallyman.

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     De toute façon, cette route, il la connaissait par cœur. C’était le chemin le plus agréable entre la demeure familiale et le quartier du lycée. Il l’avait parcourue des milliers de fois à vélo, à moto, et maintenant en voiture. En fait, s’il n’avait pas eu peur de causer des dommages à un autre usager, il aurait pu piloter les yeux fermés. Il avait tort de se soucier des tiers, d’ailleurs. Personne d’autre que lui ne roulait ce matin. Pas âme qui vive. Comme si le monde s’était arrêté de tourner avec les intempéries. Pourtant, il ne se souvenait pas d’une alerte météo.

    ***

    Il arriva péniblement mais sans catastrophe à la place sur laquelle les lycéens motorisés garaient leurs voitures. Il s’enfonçait dans le brouillard d’un monde étrange. Ce ne fut qu’en garant la Clio qu’il remarqua que l’autoradio ne fonctionnait plus. Olivia Ruiz s’était tue. NRJ n’avait pas lancé d’autre interprète à la fin de My Lomo and Me. La grêle laissait place à des chutes de neige silencieuses qui paralysaient la cité vendéenne. Il descendit de la Clio et chercha des yeux la Fiesta d’Alexis. Son pote n’avait son permis que depuis quinze jours. Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé. Peut-être s’était-il montré suffisamment  sage pour laisser sa voiture au garage. Il sortit son Smartphone de sa poche et tenta de l’appeler. Pas de tonalité.

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     Normalement, sa copine Alexandra aurait dû être là. Son  père la déposait tous les matins en allant au bureau. Un homme sympathique qui se montrait bienveillant vis-à-vis de la relation des jeunes gens. Et aussi un type qui avait avalé une montre et vivait toujours en avance. Jamais, depuis la seconde, Alexandra n’était arrivée devant le lycée après Jocelyn qui, pourtant, était lui-même ponctuel.

     

    - Son père n’aura pas voulu prendre de risque sur la route, se consola-t-il pour tromper son inquiétude.

     

    Il ne percevait pas distinctement les autres voitures garées sur le parking. Il tenta de repérer la Peugeot 208 d’Enric. Si quelqu’un d’autre que Jocelyn avait osé mettre les roues dehors sur le verglas, c’était forcément Enric. Un type qui n’avait peur de rien. Une force de la nature. Un peu plus grand et plus carré que Jocelyn, franchement blond et pas châtain clair comme lui, Enric était l’autre phénomène de la classe. A la fois un super copain, un complice  et un rival. Les deux garçons étaient incontestablement les plus forts en sport du lycée. Les aligner dans la même équipe de hand, d’athlétisme ou de natation garantissait d’écraser celles des autres sections. Les opposer promettait un spectacle d’une qualité nettement supérieure à ce qu’offrait en général le sport scolaire. Enric  et Jocelyn  entretenaient la même passion absolue des sports mécaniques. Enric avait été champion de ligue de karting l’année précédente. Il était vice-champion de France en titre et se préparait, lui-aussi, à devenir pilote automobile. Contrairement à son camarade, il visait une carrière en circuit. Si possible la F1, sinon l’endurance, le WTCC ou le DTM. Enric et Jocelyn se charriaient quotidiennement au sujet de leurs futures carrières, de leurs futures victoires, de leurs futurs salaires, de leurs futures sorties de piste, d’amères et honteuses reconversions écologiques après s’être vautrés chez les ténors. Tout en espérant au fond qu’ils atteindraient tous deux les sommets et disputeraient un jour Le Mans sur la même voiture. Dans l’atmosphère lourde et fantomatique de ce matin d’hiver, les projets comme les railleries semblaient un peu éloignées.

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     L’esprit de Jocelyn quitta La Roche-sur-Yon. Une Ferrari blanche et noire se garait avenue Montaigne à Paris, devant l‘immeuble qui abritait le cabinet où Jonathan travaillait avec son père. La bête grossissait, grossissait, se transformait en cheval géant, telle un robot de film d’horreur. Elle se cabrait sur ses pattes arrière. Les sabots de ses pattes avant défonçaient  la façade de l’immeuble. Jonathan ne pouvait ni fuir, ni résister. Les sabots meurtriers accomplissaient leur sinistre besogne  avec l’efficacité des mixeurs d’une boucherie chevaline. Le massacre glaça Jocelyn d’horreur. Il se méfiait des chevaux. La faute d’une expérience désastreuse lors d’une leçon d’équitation la dernière année d’école primaire. Une chute douloureuse, une épaule endolorie, le rire moqueur de la jolie Marielle, cavalière émérite dont il souhaitait attirer l’attention d’une manière plus valorisante… Jocelyn n’aurait pas fait de mal à un cheval, mais il se tenait éloigné d’eux. S’il était contraint d’exécuter un numéro de cirque, il préférerait entrer dans la cage aux lions plutôt que monter un cheval paisible. D’autant qu’il adorait les félins, du chat de gouttière au roi du monde animal et au divin Jaguar. Jonathan aussi entretenait une relation distante avec la plus belle conquête de l’homme. Le jeune avocat possédait un véritable don avec les chiens. Aucun ne lui résistait, même pas ceux dressés à la défense. Mais les chevaux, il les préférait à la télé. Tout au moins tant qu’il ne rencontrait pas un gentlehorse aussi raffiné que Joly Jumper, ce qui pouvait demander un certain temps.

     

    Ni Jonathan ni Jocelyn n’aimaient beaucoup Ferrari non plus.

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     - Il n’y a aucune raison pour qu’une Ferrari finisse devant nous, répétait inlassablement le premier lorsqu’ils faisaient équipe en VHC et en Blancpain. Une Aston, une McLaren, une BMW, une Mercedes, une Lamborghini, une Audi ou une autre Porsche, ça me gonfle déjà, mais une Ferrari, ça non alors.

     

    Très érudit en matière d’histoire de la course automobile, Jonathan associait la marque italienne à des trahisons envers ses pilotes les plus méritants. Par exemple le coup de poignard dans le dos du grand John Surtees au Mans 1966. Et aussi quelques autres plus récemment…

     

    - Plus un, approuvait le second. Moi aussi, j’ai une dent contre eux. Un canasson cabré, c’est pas franc du collier. Un jour ou l’autre, ça envoie son cavalier mordre la poussière. (1)

     

    A ce stade, je crains que le lecteur se demande si Jocelyn ne divaguait pas après avoir consommé à son insu ou de son plein gré un produit interdit. Non. Jocelyn ne touchait pas aux stupéfiants. Pas même un pétard les soirs de teuf. Il n’avait pas davantage abusé de la Téquila, du Gin ni de la Vodka. Il tenait trop à son permis pour prendre des risques avec l’alcotest. Le garçon n’était certes pas un saint, mais il ne s’évadait pas dans les paradis artificiels. Sa came, c’était le pilotage et rien que le pilotage.

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     Tout à coup, une nouvelle vision d’horreur. Enric courait vers lui. Un flot de sang  coulait de son crâne sur son anorak gris clair. Un cheval géant galopait à sa poursuite. Un frère du tueur fou de l'avenue Montaigne ? Il lui ressemblait en tout cas.

     

    Enric non plus n’était pas ferrariste. Il détestait les artifices imposés au second pilote de la Scuderia, tantôt pantin planté dans le décor, tantôt agneau égorgé sur l’autel des intérêts du locataire du premier baquet. Mais il n’avait pas peur des chevaux mal lunés. Et il n’excluait pas de piloter un jour pour les Rouges. Dans une autre composition du Team. Ce serait un rêve d’apprendre la discipline reine aux côtés de Nico Hülkenberg, un futur très grand qui, avec Sergio Perez, faisait partie de ses idoles.

     

    Enric n’était pas du genre à fuir. Jonathan se souvenait d’une violente bagarre l’année précédente, quand ils étaient en première. Alexis et lui s’étaient fait prendre à parti à la sortie par quatre teignes. Leur bande n’était pas trop populaire au bahut. Les résultats sportifs d’Enric et Jocelyn créaient des haines terribles. Ceux qui croient naïvement qu’apparaître en photo dans les journaux ainsi que dans des vidéos valorisantes sur le web attire l’amitié de ses voisins et suscite leur admiration se trompent lourdement. La jalousie ravage le monde.

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     C’est le sentiment le mieux partagé dans toutes les classes sociales, toutes les catégories d’âge et toutes les zones géographiques de la planète. Entendant des condisciples ricaner de la volée qu’allait encaisser  le champion de Rallycross, Enric avait abandonné sa moto qu’il s’apprêtait à démarrer et s’était précipité vers le champ de bataille tel un taureau boosté par la boisson énergétique qui donne des aillles... Il était entré dans la joute. Sa présence rééquilibrait  le combat. Il eût tôt fait de mettre KO l’un des agresseurs d’Alexis. A un contre un, personne au lycée n’osait se battre contre Enric et Jocelyn. Les trois types encore valides s’étaient barrés la queue entre les jambes. Le quatrième, à moitié dans les vapes, s’était vu promettre qu’en cas de récidive, ses compères et lui visiteraient les bassins du port des Sables d’Olonne. Pas à l’occasion du départ du Vendée Globe. Avant, pour nourrir les crabes…

     

    Aujourd’hui, Enric ne pouvait pas lutter. Un coup de sabot lui arracha la moitié du crâne. Il chancela. Jocelyn voulut se précipiter vers son ami. Ses pieds restaient collés dans la neige. Il n’avait plus de force. Dans un dernier effort avant de s’effondrer et de se faire piétiner, Enric lui fit signe de fuir.

    ***

    Jocelyn hurla. Il était en nage, ne comprenait rien à ce qui se passait. Une main douce et excitante caressa l’intérieur de sa cuisse nue.

     

    - Qu’est-ce que tu as ? gémit une voix encore ensommeillée.

     

    Jocelyn alluma la lampe de chevet et regarda le radioréveil. Il était 6 heures 40.

     

    - Rien. Juste un cauchemar.

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     L’image d’Enric lui enjoignant de fuir restait imprimée dans son cerveau. Elle lui rappelait l’histoire de Levegh au Mans 1955 à l’instant où, conscient qu’il allait percuter une autre voiture et perdre la vie, l’héroïque pilote leva la main pour prévenir Fangio qui arrivait derrière lui. Levegh avait eu l’ultime réflexe et le formidable courage de sauver son camarade avant de mourir.

     

    Jocelyn  se leva et se dirigea vers le salon avec son Smartphone. Les choses reprenaient place dans son cerveau. Hier soir, il était allé au repas de classe traditionnel avant les vacances de Noël. Sa mère était en déplacement. Le temps de son absence, il disposait de la maison avec Miss Tigri, une adorable chatte blanche avec qui il entretenait une relation sans tâche. Jocelyn avait ramené Alexandra chez lui. Alexis dormait à côté dans une chambre d’amis avec Vera. Enric s’était installé dans le canapé du bureau en compagnie de Clémentine.

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    Ils avaient bu un kir pétillant et un verre de Lambrusco chacun à la Pizzeria Valle Carmonica. Puis une bouteille de champagne en rentrant. A six, pas de quoi se mettre minables. Jocelyn ne sentait pourtant pas dans son assiette. Il fit défiler son répertoire et sélectionna le numéro de Jonathan. Il avait besoin de lui parler et savait que son frère de cœur ne lui reprocherait pas l’heure matinale.

     

    - J’te réveille ? s’excusa-t-il lorsque son interlocuteur décrocha.

     

    - Non, en fait, je préparais le café. J’ai mal dormi. Bon, ça ira mieux quand le jour sera levé.

     

    - Moi aussi. J’ai fait des cauchemars. Il grêlait, il neigeait. J’avais l’impression de rester le seul vivant dans un monde glaciaire.

     

    Jocelyn évita de raconter toute l’horreur de son cauchemar.

     

    - Il fait un temps bizarre depuis quelques semaines, reprit Jonathan. Des ciels de plomb, des orages, des déluges de pluie, de grêle. Une atmosphère lourde, pesante. Au palais, l’ambiance est encore plus électrique que d’habitude.

     

    - Sans doute les Autolib’ de Delanoë qui polluent l’atmosphère en déchargeant de l’électricité dans l’air, lança Jocelyn pour essayer de plaisanter.

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    Les deux garçons raccrochèrent après avoir échangé quelques phrases. A son tour, Jocelyn mit la cafetière en route. Il tambourina  aux portes des pièces où dormaient ses amis. Il était 6 heures 55. Il n’’y avait pas de temps à perdre. Ils avaient cours à de philo à 8 heures avec monsieur Ravel. Puis il entra dans la salle de bains et rejoignit Alexandra sous la douche.

     

    Soudain, une averse de grêle tonna sur le toit en ardoises. Jocelyn frissonna malgré l’eau chaude et les caresses envoutantes de sa copine. Il se rappela le calendrier. C’était le vendredi 21 décembre. Avait-il fait un rêve prémonitoire de la fin du monde, avec juste quelques approximations  quant au déroulement de l’apocalypse dans son environnement ?

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE :

     

    Vous pouvez bien sûr attendre le 22 décembre pour acheter vos cadeaux de Noël. En tout état de cause, je vous suggère mes derniers livres en version ePub :

    7 Nouvelles pimentées

    http://sebsarraude.tumblr.com/post/28291502256/7-nouvelles-pimentees

     

    et Gare à la main du diable, un titre de circonstance, non ?

    http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-gare-a-la-main-du-diable-disponible-en-format-e-pub-111556271.html

     

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    A bientôt, peut-être…

     

    Thierry Le Bras

     

    (1) Jocelyn devrait devenir un personnage de futurs romans et nouvelles. Enfin, si nous passons le cap du 21 décembre. Dans ce cas, je vous raconterai un de ces jours pourquoi il a une dent contre la Scuderia. Que les fans de la Scuderia se rassurent, son hostilité n’a rien à voir avec l’écurie de F1. C’est une raison très personnelle…

  • COURSE AUTOMOBILE, LE CONTRASTE PERMANENT

    entre le bonheur absolu et les déceptions les plus terribles

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    Ancien pilote amateur, je fais partie de ceux qui considèrent et affirment que rien, absolument rien, ne procure des joies aussi extraordinaires que le pilotage d’un bolide en compétition.

     

    C’est l’extase, le bonheur total, et tant pis  si les décharges d’adrénaline ressemblent à une drogue dure

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     C’est cet accomplissement génial qui permet de supporter les coups durs. Car des coups durs en course, il y en a aussi. Incidents mécaniques, sorties de piste, et parfois pire.

     

    L’une fonce, l’autre est immobilisée


    J’ai choisi comme première photo une image qui symbolise  ce contraste de la course automobile. Il s’agit d’un cliché que j’ai réalisé aux 24 Heures du Mans 1980, au Tertre Rouge. Une WM poursuit sa course. Les pilotes, leurs proches, les membres du team, espèrent un bon résultat. Une Osella blessée attend, rangée au bord de la piste, que les mécanos de son écurie viennent la récupérer. C’est ça aussi Le Mans et la compétition automobile. La course de Lella Lombardi et Mark Thatcher s’est arrêtée après 157 tours. Une grosse déception pour l’ex pilote de Formule 1 et le fils de la Dame de fer. Le stand de l’Osella 2 litres est vide. Le rideau se baisse.

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     Des coups durs en course, Mark en connaîtra d’autres. En 1982, il s’engage au Paris – Dakar avec Anny-Charlotte Verney. Ils ne verront pas Dakar. Leur Peugeot 504 s'arrêtera en Algérie. Anny-Charlotte et Mark se perdent dans le désert pendant l’étape Tit – Timeaouine. Ils seront secourus, mais trop tard pour espérer reprendre la course

     

    Du paradis à l’enfer

     

    Quand je suis au bord d’un circuit ou d’une route de rallye et qu’un pilote ne passe plus, je ne peux pas m’empêcher de penser au livre que Bernard Clavel consacra aux 24 Heures du Mans 1967. Cette  année,  il suivit la course dans les stands Alpine Renault et plus précisément avec l’équipage Jean-Claude Andruet – Robert Bouharde. Lorsqu’un accident se produit, chaque équipe attend de savoir qui est impliqué. Et lorsque l’identité des pilotes accidentés tombe, la nouvelle soulage les uns, mais elle se révèle terrible pour les autres. Bien sûr, personne n’est indifférent aux malheurs d’un pilote sur un circuit, mais dans les stands, les familles, les amis et l’équipe espèrent tout de même d’abord que leur proche, que leur pilote, a évité le drame.

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     Car en sport automobile, même avec des porte-bonheur, tout peut basculer en une fraction de seconde. Un exemple. En juin 2002, j’au suivi les 24 Heures du Mans dans la structure de Formule Avenir dirigée par Patrick Soubrane. Formule Avenir soutenait un des pilotes WR. Au milieu de la matinée, la WR N° 25 sur laquelle était engagé le pilote de Formule Avenir était en tête de la catégorie LMP675. Je rédigeais un article pour la rubrique 24 Heures avec d’un nouveau magazine. Alors, inaugurer le lancement par 24 Heures avec une équipe des 24 Heures du Mans, c’était top.

     

    Au réceptif à 13 heures, pendant le déjeuner, la tension monta d’un cran.

     

    « C’est le moment où nous croisons les doigts", avoua Patrick Soubrane. "Nous sommes en tête mais tout peut encore arriver. Et nous mesurons  parfaitement la somme de travail, d’efforts et de chance qu’il faudra pour nous retrouver un jour, peut-être, dans la même position ». En outre, dans une course telle que Le Mans, il faut s’armer de patience, car une nouvelle chance de bien faire ne se présentera pas avant un an dans le meilleur des cas.

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    Les paroles de Patrick Soubrane se révélèrent  justes. A 14 heures, nous arrivâmes dans le stand à la fois stressés et pleins d'espoir. Soudain, Stéphane Daoudi, au volant pour la fin de course, s'arrête, axe de suspension cassé. Il repartit15 minutes plus tard, encore en tête des LMP 675. "J'y croyais vraiment", se souviendra Jean-René De Fournoux, un des autres pilotes de l’auto .Hélas, l'axe céda à nouveau. Stéphane revint au stand. Les mécanos changèrent la roue. La WR reprit la piste. Le pneu éclata et tout bascula. Roulant sur trois roues, Stéphane ne put pas résister. Dans l'ultime tour, la Reynard qui chassait derrière le doubla. "Tu prends un gros coup sur la tête", soupira Jean-René. La WR blessée termina 2ème de sa catégorie, ce qui représentait déjà une belle performance. Mais, surtout quand elle fut à portée de main, « Seule la victoire est jolie ». Cette citation, je l’emprunte à Michel Malinovsky qui en fit le titre d’un livre consacré à sa plus terrible déception en compétition. C’était à la première Route du Rhum, en 1978. Michel terminait second de l’épreuve, devancé par Mike Birch sur la ligne à Pointe-à-Pitre de 98 petites secondes après 23 jours de mer.

    Vous pouvez également me retrouver sur http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/ , http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

     

    Images de crashs

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2011/01/05/sorties-de-piste-en-course-de-cote.html

     

    Rallye, souvenir personnel d’une déception

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/11/06/rallye-d-armor-1979-six-speciales-et-puis-s-en-vont.html

     

    Laurent Bourgnon, pilote sur mer et sur terre

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2012/04/28/laurent-bourgnon-pilote-automobile.html

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    A lire absolument : VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES, LE polar vintage, gourmand automobile et humoristique.http://0z.fr/povoC

     

    Gare à la Main du Diable, un polar cross-age teinté de fantastique qui se déroule dans le monde de la course au large et dont je suis l’auteur :

    http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-g-83517093.html

     

    Suivez-moi sur Twitter : @ThierryLeBras2

     

    Thierry Le Bras

  • DISPARITION DE CARROLL SHELBY

    le papa de la Cobra et d’autres géantes

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    Pilote puis concepteur de voitures géniales, Carroll Shelby restera à jamais un formidable symbole du tourbillon automobile des sixties.

     

    Il s’est éteint à l’âge de 89 ans à Dallas.

     

    Souffrant de problèmes cardiaques, il avait dû mettre un terme à sa carrière de pilote automobile plus tôt que prévu. Une carrière très honorable dont un des temps forts fut une victoire aux 24 Heures du Mans 1959. L’Américain partageait alors le volant d’une Aston Martin avec Roy Salvadori.

     

    La Cobra, impressionnante et venimeuse

     

    Carroll Shelby voulait faire gagner des voitures américaines, Son idée, monter un gros Ford V 8 de 4,7 litres au couple extraordinaire sur le châssis Ace (A.C.) qu’il considérait excellent. Le résultat, un bolide au tempérament de feu, parfois difficile à dompter, mais d’une efficacité redoutable. Les premières Cobra accéléraient de 0 à 100 en 4,5 secondes ! Une version Coupé (baptisée Daytona), vit le jour en 1964. Six modèles originaux seulement furent construits. Puis à partir de 1965, le roadster 427 reçut un moteur 7 litres de 410 chevaux. Lors d’un essai de la bête pour le magazine Champion, Jean-Pierre Beltoise claquerait un 3,8 secondes au 0 à 100.

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    Je n’étais encore qu’un enfant quand une Cobra Daytona, pilotée par Dan Gurney et Bob Bondurant, battit les Ferrari au Mans dans la catégorie GT en 1964. Mais les lignes de la Cobra lift-back m’avaient fasciné, comme sa puissance brutale. La Cobra reste pour moi une des plus belles GT de tous les temps. J’en ai d’ailleurs fait une héroïne de mon prochain roman, un polar Vintage et gourmand qui se déroule en 1966 et trouve son dénouement aux 24 Heures du Mans. A cette occasion, j’imagine que le fabuleux Coupé Daytona reçoit le fameux 7 litres comme la 427.

     

    Mustang, GT 40, des icônes inoubliables

     

    Carroll Shelby joua d’abord involontairement un rôle expérimental pour Ford. La marque américaine avait envie de se lancer dans la compétition. Elle envisagea un moment d’acheter Ferrari. L’affaire ne se conclut pas. L’expérience menée par Carroll Shelby permit à Ford de vérifier qu’un bon V 8 issu de la série pouvait se montrer compétitif face aux mécaniques les plus pointues élaborées par Ferrari et d’autres horlogers de la mécanique de course. Carroll Shelby avait prouvé à son fournisseur de moteurs que le challenge était gagnable. En 1966, Ford lui confia la direction de son programme compétition sur les épreuves du championnat d’endurance. Il obtint de nombreuses victoires. Rappelons que cette année-là au Mans, la victoire revint à une Ford MK II pilotée par deux Néo-Zélandais, Chris Amon et Bruce McLaren. Le second nommé deviendrait lui-aussi un constructeur de génie dont le nom brille encore en Formule 1.

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    La collaboration entre Carroll Shelby et Ford serait longue et fructueuse. De nombreux modèles de Mustang seraient estampillés Shelby. Une Ford Shelby GT 500 est d’ailleurs prévue pour 2013.

     

    S’il avait dû lutter contre des problèmes cardiaques et subir une transplantation en 1990, Carroll Shelby ne manquait pas de cœur. Il fait partie des personnages qui ont écrit la belle histoire de la course automobile, une histoire qui apporta et continue à offrir du bonheur à des millions d’amoureux de la compétition à travers le monde. Tous auront une pensée pour ses trois enfants et sa femme Cléo.

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

     

    Ford MK IV, Ford MK II, Cobra…

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2011/10/03/belles-de-course-de-la-ford-mk-iv-a-la-lotus-38.html

     

    La première victoire Ford au Mans, c’était en 1966

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/06/11/de-la-mk-ii-a-la-ford-gt-2010.html

     

    Ambiance 1964 : une petite fiction humoristique illustrée à l’époque des Cobra

    http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-premiere-sortie-de-piste-pour-ronan-86011129.html

     

    Ford GT 40, l’arme du duel contre Ferrari

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/06/15/ford-gt-40-l-arme-du-duel-contre-ferrari.html

     

    La Shelby 350 GT présentée sur l’excellent site de Jean-Claude Besse

    http://club-3ascollection63.blog.fr/2007/10/07/shelby_350_gt~3099082/

     

    Thierry Le Bras